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Les Pays riches doivent-ils accepter les immigrants tel que roms au sein de leurs sociétés ?
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11 mars 2013

Tensions autour de l'accueil des Roms

Adresse url : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/11/01/vives-tensions-autour-de-l-accueil-des-roms-dans-la-communaute-urbaine-de-lille_1784390_3224.html
Vives tensions autour de l'accueil des Roms dans la communauté urbaine de Lille

Le Monde.fr | 01.11.2012 à 13h28 • Mis à jour le 01.11.2012 à 14h39

Entre 150 et 200 personnes ont défilé le 27 octobre à Hellemmes (Nord) contre l'installation d'un village d'insertion pour les Roms.Entre 150 et 200 personnes ont défilé le 27 octobre à Hellemmes (Nord) contre l'installation d'un village d'insertion pour les Roms. | La Montagne

Dur baptême pour le nouveau maire d'Hellemmes (Nord), Frédéric Marchand (PS), insulté, menacé physiquement, samedi 27 octobre, par quelques dizaines de concitoyens lui reprochant la création d'un village d'insertion de Roms. Le 27 septembre, il était devenu premier magistrat à la place du député européen Gilles Pargneaux. Les deux hommes sont respectivement secrétaire général et premier secrétaire de la fédération PS du Nord.

Elus dans cette commune associée à Lille, ce sont des soutiens affichés de Martine Aubry. M. Marchand était d'ailleurs directeur de campagne de la nouvelle députée PS Audrey Linkenheld, très proche de la maire et présidente de la communauté urbaine de Lille (LMCU). A travers M. Marchand, c'est donc un symbole de l'attitude socialiste envers les Roms qui a été attaqué.
La communauté urbaine encourage ses communes à partager équitablement l'accueil des Roms. Les villes de droite refusent. Ce sont donc les quartiers populaires de la métropole, en particulier dans la couronne sud, qui voient affluer les 3 000 Roms.

La tension monte depuis la rentrée. Le 29 septembre, Benjamin Dumortier, maire (non inscrit) de Cysoing, avait appelé à une manifestation. "Devant la mairie de Lille, alors que ces dossiers sont du ressort de la préfecture", s'était étranglée de colère Mme Aubry, jugeant "honteux qu'un maire joue les agitateurs". Ce jour-là, les 700 personnes des villages du Pévèle, environ vingt kilomètres au sud-est de Lille, s'étaient réunies dans le calme, tout en évoquant une "jurisprudence Marseille" : le 27 septembre, des Marseillais avaient chassé un groupe de familles roms installées depuis peu dans un quartier et brûlé les affaires qu'ils avaient laissées derrière eux. "Les exemples malheureux de Marseille puis Cysoing ont débridé la parole ici", observe-t-on dans l'entourage de Mme Aubry.

"LA FOULE S'EST SCINDÉE"

Samedi 27 octobre, à Hellemmes, les élus de droite ont été débordés par des éléments d'extrême droite, excitant la petite foule venue protester contre l'installation de cinq mobil-homes pour des familles roms. Caroline Boisard-Vannier, élue UMP du conseil municipal, le regrette. "Je condamne ces insultes. Interpellée par les riverains surpris de voir des travaux commencer sans concertation au centre Gustave-Engrand, j'avais appelé à un simple rassemblement sur le site. Mais la foule s'est scindée, certains sont partis à la recherche du maire."

Sur une vidéo publiée par le site du quotidien local Nord Eclair, on voit le maire se faire prendre à partie par un petit groupe d'agitateurs. "J'ai reconnu dans la foule mon adversaire FN, Jean-Rémy Dumesnil", pointe le maire. M. Dumesnil avait affronté M. Marchand au second tour des cantonales en 2011.

Une telle explosion de violence à Hellemmes, Aude Bartholomeus n'en revient pas. Membre d'une association de parents d'élèves, cette habitante a été "scandalisée par les propos haineux" entendus lors d'une réunion publique mercredi 24 octobre, à la suite du blocage du chantier des mobil-homes par des riverains : "En sortant, nous avons créé une association de soutien aux Roms. Parmi les treize enfants, six sont à l'école locale Herriot, une autre est collégienne à Lille. Ces familles sont connues depuis deux ans et se sont engagées à ne pas mendier. Un papa est même paysagiste." Ce collectif a immédiatement réuni 400 signatures de soutien au projet d'insertion.

RÉUNION PUBLIQUE ANNULÉE

A Hellemmes, ce ne sont que cinq mobil-homes qui ont déclenché la tempête. Etonnant, si l'on songe que les plus graves problèmes dans la métropole sont situés dans la concentration de la plaine Winston-Churchill, à Lille intramuros, où la ville lutte difficilement contre insalubrité et prostitution. Mais dans un contexte politique qui se tend, la question rom devient un enjeu politique.

Avant les municipales de 2014, les communes de gauche de la couronne sud, comme leur opposition UMP, s'inquiètent d'une percée du FN. "On fabrique de l'exaspération qui profite au FN", estime Hervé-Marie Morelle, probable candidat UMP à la mairie de Fâches-Thumesnil, commune voisine de Lille-sud où se concentrent de nombreux Roms.

En compagnie de Jérôme Garcia, élu UMP de Mons-en-Barœul, M. Morelle accompagnait Mme Vannier lors du rassemblement qui a dégénéré : "Une dame a demandé pourquoi on aidait les Roms alors que son fils ne trouvait pas de logement. Ces villages sont une erreur, ils créent un appel d'air. Rien ne doit inciter les Roms à rester. Je suis pour une reconduite à la frontière, sans indemnités. M. Valls, qui me semble le plus sensé des ministres socialistes, doit prendre ce problème à bras-le-corps."

Dans cette atmosphère électrique, M. Marchand a annulé une réunion publique prévue mardi 30 octobre. A la place, le collectif de soutien a prévu une rencontre conviviale au faubourg de Béthune, où se sont réfugiés les Roms expulsés de Villeneuve-d'Ascq durant l'été, à la demande cette fois de la communauté urbaine...

Geoffroy Deffrennes (Lille, correspondant)

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